Faire face aux conséquences des inondations en RDC 

Faire face aux conséquences des inondations en RDC 

Kinshasa – « J'ai tout perdu à cause des inondations », déclare Colette, avec un profond soupir de tristesse. Sa famille et elle se sont réveillées les pieds dans l’eau une nuit de décembre 2023, leur domicile au quartier de Kinsuka au nord de Kinshasa inondé en l’espace de quelques minutes. A 48 ans, cette mère de cinq enfants avait connu d’autres épisodes de montée des eaux par le passé, mais jamais de cette ampleur. « La crue du fleuve Congo a atteint des niveaux records. Le fleuve Congo est sorti de son lit et on a vu l’eau atteindre plus d’un mètre et déferler à l’intérieur de nos maisons. Nous avons tous fui et jusqu’aujourd’hui, nous sommes réfugiés chez nos proches. »

Raphaël a aussi été délogé par les eaux. Agé de 64 ans, il vivait avec sa famille dans la commune de Ngaliema, à l’ouest de Kinshasa. Souffrant d’une maladie respiratoire chronique, il a vécu les inondations comme un grand désastre. « L’insalubrité qui a suivi les inondations a empiré ma maladie et là je respire difficilement. Nous naviguions en pirogue chaque jour dans ces eaux sales avec des odeurs pestilentielles. C’était une période dure à supporter, et tout le monde dans le quartier était à bout de forces. » 

De novembre 2023 à janvier 2024, 18 des 26 provinces de la République Démocratique du Congo (RDC) ont été touchées par des pluies torrentielles qui ont entraîné ces inondations sans précédent, aux conséquences tragiques. Selon les données rapportées le 17 février 2024 par l'Institut national de Santé Publique (INSP), 300 personnes ont perdu la vie et 839 ont été blessées, et 767 951 ménages ont été touchés. Les dégâts matériels sont importants : 76 733 habitations, 205 marchés, 1 528 écoles, 296 structures de santé et 138 routes ont été détruits ou ont subi de grands dommages qui entravent leur fonctionnalité. Des centaines de villages le long du fleuve Congo ont aussi été inondés, certains complètement submergés par les eaux.

Les actions de réponse ont été conduites par le Gouvernement avec l’appui des partenaires à travers l’approche « une seule Santé » basée sur la multisectorialité. Face aux risques sanitaires accrus dans le contexte de l’insalubrité à laquelle étaient exposés les sinistrés et les familles d’accueil, les autorités ont renforcé les mesures de prévention et de contrôle des maladies. 

« Il était primordial dans cette situation d’urgence humanitaire causée par les inondations, de renforcer la surveillance pendant et après la montée des eaux, particulièrement au niveau communautaire. Nous avons déployé des équipes d’intervention rapides sur le terrain, et le système d’alerte précoce a été mis en place afin de permettre aux équipes sanitaires d’être informées à temps pour prendre action, sauver la vie des personnes affectées, protéger les communautés des risques infectieux et s’assurer que tous ces sinistrés reçoivent les soins de santé de base », explique le Professeur Christian Ngandu, Coordonnateur du centre des opérations des urgences de santé publique (COUSP) de l’Institut national de santé publique.  

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appuyé le renforcement de la surveillance épidémiologique à travers le système d’alerte, et a en outre fourni des médicaments aux populations de six provinces affectées notamment Kinshasa, Equateur, Mongala, Tshopo, Tshuapa et Kasaï. « Chaque province a reçu 600 kilogrammes de kits sanitaires. Dans ce contexte d’inondations, il était urgent de porter assistance aux populations sinistrées et vulnérables aux maladies telles que les maladies diarrhéiques, le paludisme, les infections respiratoires aigües, la malnutrition sévère avec complications », explique le Dr Valentin Mukinda Bin Kapalanga, Responsable de la préparation et de la réponse aux urgences au bureau de l’OMS en RDC. « Ce stock permettra la prise en charge médicale de 10 000 personnes pendant trois mois », indique-t-il. 

Toujours dans l’optique de soutenir le Ministère de la santé dans la gestion des conséquences des inondations, l’OMS a mobilisé environ 1,5 million de dollars américains du Fonds d’urgence humanitaire (CERF) pour accompagner trois provinces particulièrement touchées, que sont Kinshasa, Equateur et Tshopo, dans le renforcement de la surveillance, la prise en charge des malades, la prévention et le contrôle des infections, et le renforcement de la communication des risques. 

Dans les zones autrefois inondées, les eaux se sont retirées à présent, mais les conséquences néfastes demeurent, les besoins aussi. « Nous sommes heureux qu’aucune épidémie n’ait été engendrée par cette catastrophe naturelle, mais il est essentiel d’intensifier la surveillance des maladies à potentiel épidémique dans les foyers sujets aux inondations et de répondre rapidement aux besoins essentiels des populations touchées. La sensibilisation dans les communautés est toujours primordiale, pour que les familles sachent comment préserver leur santé », estime le Dr Boureima Hama Sambo, Représentant de l’OMS en RDC. 

A Kinsuka tout comme dans les quartiers environnants, les activités ont repris peu à peu après la décrue des eaux, mais plusieurs dizaines de familles comme celle de Colette ne sont toujours pas revenues. Elle retourne fréquemment sur les lieux où se situait auparavant son domicile, en espérant rentrer bientôt chez elle. « Depuis cette nuit où les eaux ont envahi notre domicile, nous n’avons plus de chez nous. Alors on revient de temps en temps pour voir les ruines de nos maisons et envisager un retour possible. Je tenais mon petit restaurant et les gens venaient manger du matin au soir. Tout a été emporté à présent. Ce que je souhaite, c’est de rentrer à la maison et de me reconstruire. » 

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